La Plume Culturelle

Le Prix HSBC pour la photo­gra­phie, de retour à Metz

L’ex­po­si­tion des deux lauréats du prix HSBC 2012 pour la photo­gra­phie fait escale à Metz. Aussi jusqu’au 30 septembre prochain, le public pourra déam­bu­ler dans la gale­rie de l’Ar­se­nal de Metz et décou­vrir le travail de Leonora Hamill et d’Eric Pillot. Entre les clichés d’ate­lier d’écoles de Beaux-Arts aux quatre coins de la planète et ceux dévoi­lant des animaux en capti­vité dans les zoos urbains euro­péens, le monde est à portée de main.  

Pour les passion­nés de l’image et les curieux en quête de décou­verte artis­tique, sachez que l’ex­po­si­tion du Prix HSBC pour la photo­gra­phie s’ar­rête une nouvelle fois à Metz, à l’Ar­se­nal pour être plus précis. Déjà là en 2011 avec les lauréats Alinka Eche­ver­ria et Xiao Zhang, la 17ème édition présente son cru 2012. Il s’agit de Leonora Hamill, une Franco-Britan­nique qui vit entre Londres et Milan, et d’Eric Pillot, un Français qui travaille sur Paris. « La première fois que nous sommes venus à Metz c’était en 2003 », indique Chris­tine Raoult, direc­trice géné­rale pour le Prix HSBC pour la photo­gra­phie. « Puis nous sommes reve­nus en 2011 et comme nous avons trouvé la ville char­mante et l’ac­cueil si chaleu­reux, nous avons décidé de nous y retrou­ver en 2012. Mais c’est excep­tion­nel, car nous ne reve­nons jamais d’une année à l’autre au même endroit ! », tient-elle à préci­ser. Le message est passé, le public n’en sera que plus ravi de contem­pler le travail des deux vainqueurs du concours dont la percep­tion artis­tique s’avère perti­nente et atypique.

Leonora Hamill : Art in Progress
Leonora Hamill, cette Franco-Britan­nique de 34 ans, pratique la photo­gra­phie depuis une dizaine d’an­nées. Après une école pres­ti­gieuse à New-York en 2002 pour apprendre la tech­nique de la disci­pline, puis des études au Royal Collège of Art à Londres durant quatre ans, l’in­té­res­sée parcourt le monde entier à la recherche d’ate­liers d’ar­tistes dans des écoles des Beaux-Arts. « Je voulais immor­ta­li­ser l’es­pace de travail où artistes ou élèves créent leurs œuvres. Pour moi, ce sont des espaces chao­tiques », indique la jeune femme, qui précise ses propos : « S’il existe une certaine unifor­mité à travers le monde en ce qui concerne les ateliers, les personnes ou les lieux géogra­phiques se révèlent tout à fait origi­naux. »  La juxta­po­si­tion des objets inso­lites était pour elle très fami­lière dans ces ateliers d’ar­tistes, alors que les créa­teurs exci­taient sa curio­sité par leur singu­la­rité. « Je souhai­tais comprendre comment était appré­hendé l’art dans les diffé­rentes popu­la­tions », signale encore Leonora Hamill. Si la photo­graphe immor­ta­lise en photo les limites du geste artis­tique, dans le domaine de la vidéo ce sont les mouve­ments du corps qu’elle filme, en perpé­tuelle recherche concer­nant l’art dans l’ex­pres­sion de la gestuelle, et la façon dont le corps révèle la densité émotion­nelle de l’in­di­vidu.

La jeune artiste a donc visité de nombreuses écoles d’art à Cuba, au Viet­nam, en Inde, au Maroc, en Italie, en  Belgique, en France, en Espagne, en Grèce et aux Etats-Unis. Elle souhaite encore recueillir quelques clichés en Russie et en Chine. « On voyage pour une seule photo ! Parfois, c’est ridi­cule mais j’y trouve mon compte », affirme-t-elle. Le projet existe depuis trois ans mais elle ne s’y attelle pas en perma­nence. Son proces­sus de prise de photo pour chaque lieu est très réflé­chi, et ne laisse pas la place au hasard, avec une rigueur et une préci­sion qu’elle s’im­pose dans tout son travail. « J’aime ceux qui sont plus spon­ta­nés que moi », recon­naît Leonora Hamill. « J’ai bien tenté de les imiter mais j’ai trouvé que mon travail deve­nait brouillon. Pour réus­sir et me retrou­ver, il faut que je sois plus réflé­chie », conclut l’in­té­res­sée. Le résul­tat visuel de ces clichés, harmo­nieux et sensuels,  permet au visi­teur de rentrer dans l’in­ti­mité de ces lieux opaques au non-initié.

Eric Pillot : In Situ
Eric Pillot a décou­vert la photo­gra­phie il y a une décen­nie lorsqu’il était ingé­nieur dans le domaine des construc­tions navales, et en paral­lèle musi­cien jazz comme batteur. Le déclic pour les arts graphiques ? Des photos de vacances et plus parti­cu­liè­re­ment celles prises au zoo de la Palmyre (17) où il immor­ta­lise un ours polaire qui nage sous l’eau. Ce sont ses premiers pas dans le monde des animaux en capti­vité. « De nos jours, les hommes dans les villes sont loin des animaux, autre­fois ils en étaient bien plus proches lorsqu’ils vivaient dans la rura­lité », explique l’ar­tiste qui donne ainsi le tempo. Ses clichés repré­sentent des êtres vivants -non humains- qui vivent en capti­vité dans des décors arti­fi­ciels. « Ce sont les animaux que je photo­gra­phie, pour­tant ces clichés nous repré­sentent égale­ment puisque nous vivons dans ce milieu arti­fi­ciel que sont les villes », précise l’in­té­ressé.

Eric Pillot aime faire appa­raître une certaine idée de la liberté y compris dans des lieux clos et limi­tés par des barrières ou des vitres. Quelle est la place de l’ani­mal dans le monde construit par l’homme, alors que les construc­tions enva­hissent les terres ? Quelle liberté pour ces animaux ? Et pour nous-mêmes dans nos agglo­mé­ra­tions ? Les barrières déli­mitent-elles seule­ment des enclos ou égale­ment la culture ou le social ? Des ques­tions auxquelles il tente de répondre à travers ses clichés. Il n’a visité que les zoos urbains, en Alle­magne, en Belgique et aux Pays-Bas, afin de trou­ver des décors carac­té­ris­tiques de ce genre d’éta­blis­se­ments où la promis­cuité des animaux dans leurs enclos est flagrante. « Ces photos nous renvoient une émotion, posi­tive ou néga­tive, sur la capti­vité des loca­taires des zoos », souligne Eric Pillot, convaincu que le public a toujours un avis : «  Soit il s’api­toie sur le sort des animaux, soit il les trouve mignons, mais dans tous les cas, les images ne laissent personne insen­sible et incitent à une réflexion plus appro­fon­die ! » En tout cas, l’ex­po­si­tion mérite d’être vue et pour cela, il vous reste encore treize jours pour vous dépla­cer à l’Ar­se­nal de Metz.


Article publié le 17 septembre 2012 dans le bimé­dia lorrain La Plume Cultu­relle.

Photo :  ©LPC|JeanVier – De gauche à droite : Eric Pillot et Leonora Hamill, les deux lauréats du prix HSBC 2012 pour la photo­gra­phie en dépla­ce­ment à Metz le 7 septembre dernier.


 

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