Le « Metzbau » de l’ÉSAMM, point de départ de la « Constellation » du centre Pompidou-Metz
En prélude de la manifestation « Constellation », qui aura lieu de mai à octobre 2009, et organisée par le Centre Pompidou-Metz, les élèves des première et deuxième année de l’École Supérieure d’Art de Metz Métropole (ÉSAMM) revisitent les « Merzbau » de l’artiste Kurt Schwitters. L’exposition « Metzbau » ouverte le 28 mars dernier évoluera chaque jour, telle un atelier, en présence du public jusqu’au 17 mai prochain.
La base du dessein demeure simple : s’inspirer des œuvres de l’artiste allemand Kurt Schwitters (1887 – 1948) qui utilisa des matériaux de récupération voire des déchets non périssables collectés dans la rue pour les assembler et les coller en forme de sculptures nommées « Merzbau ». Des créations qui évoluaient par la transformation et l’accumulation des objets ou matériaux de toute nature. L’auteur recherchait l’harmonisation entre la matière choisie et les sculptures avec un côté envahissant. Aussi, les élèves de première et de deuxième année de l’École Supérieure de Metz Métropole ont investi pour deux mois la galerie de l’ESAMM. Avec leur projet pédagogique, l’exposition voit naître « Metzbau », un « work in progress », qui va ingurgiter sans cesse des textes, des sons, des vidéos et des matériaux pour sa croissance exponentielle.
Le lancement du projet a pour point de départ un repas entre professeurs, comme le rappelle Christian Debize, le directeur de l’école. Imaginée bien avant la crise économique actuelle, l’exposition, selon lui, prend tout son sens aujourd’hui en portant en filigrane un aspect écologique : l’utilisation des matériaux non recyclables dans l’art. Une façon peut-être de leur donner un nouveau départ ? Une utilité nouvelle aux équipements de notre quotidien ? Un clin d’œil sur nos comportements à travers la société actuelle ? En tout cas l’objectif avoué de Christian Debize est de créer, d’une part entre les élèves des différents cycles et les enseignants, un travail d’une dimension collective et évolutive, face à l’individualisme sociétal ; d’autre part, de s’ouvrir vers l’extérieur en prenant en compte la participation des internautes via le site Internet metzbau.hautetfort.com sous la forme d’un jeu de questions et de réponses.
Même si le sujet de l’exposition peut apparaître comme une thématique mystérieuse et absconse, l’imaginaire du visiteur contribue à son voyage à travers la constellation de l’art contemporain. Enveloppés par des murs de tableaux noirs, dessins et questions- réponses des internautes illuminent allègrement les lieux. Que dire de l’œuvre monumentale, encastrée d’écrans d’ordinateurs et de téléviseurs qui diffusent en boucle des séquences filmées, serait-elle freinée par un arthropode en bois qui manifeste son désaccord avec ses panneaux « Stop » ? Et où se dirige le navire géant en papier situé près de la porte de sortie ? En tout cas, chaque jour, les artistes en devenir apportent une réponse ou des éléments afin que l’imagination des curieux puisse continuer à créer sa propre histoire qui se mélange avec celle des auteurs.
Enfin, rien ne restera cristallisé ou inaccessible, et encore moins la chape de silence monastique qui tombe parfois dans certaines salles d’exposition. Pendant les sept semaines de cette expérience humaine et artistique, avant la clôture durant le week-end de la manifestation « Constellation » du Centre Pompidou-Metz, qui a soutenu l’initiative estudiantine, la galerie de l’ÉSAMM devient une sorte d’atelier géant, un chantier permanent. Exit la monotonie et l’immobilisme. Chaque jour, l’œuvre sera modifié et s’étendra constamment vers l’extérieur pour toucher la ville et sa population. Les étudiants y suivront certains cours sur place et le public sera invité à constater l’évolution de cette création jusqu’au bout. Enfin de l’art qui ne demeure pas inabordable et ennuyeux.
Article publié le 1er avril 2009 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|JML – L’exposition « Metzbau » se trouve dans la galerie de l’ÉSAMM qui devient durant sept semaines, un atelier géant ouvert au public.