
Bruno Tomassi expose son « retour du réel » à l’Arsenal de Metz
L’Arsenal de Metz accueille depuis le 13 février 2009 et jusqu’au 22 mars, l’artiste Bruno Tomassi qui expose une grande partie de son travail réalisé au « Kuba », un atelier pour artistes, situé dans l’ancienne gare de Sarrebruck (Allemagne). En offrant aux regards ses œuvres à base de papier mâché, il fait partager sa vision de la matière et du langage.
« Retour du réel » résulte, pour une grande partie des œuvres exposées, d’un projet au nom évocateur « Et le monde deviendra ponctuellement silencieux » qui a pris naissance en mai 2008 en Allemagne. Invité durant six mois au Kuba, une résidence d’artiste qui a pris ses quartiers dans l’ancienne gare de Sarrebruck, Bruno Tomassi a pu concrétiser et développer son art, qui ne s’apparente pas vraiment à la peinture ou seulement à la sculpture, mais qui englobe plusieurs disciplines artistiques. La matière prépondérante de ses créations : le papier mâché.
« Je me nourris de ce qui m’entoure », explique Brunot Tomassi qui aime manipuler et transformer le papier en lui donnant un nouvel aspect, une nouvelle vie. « Attention, je ne recycle pas, il n’y a pas dans mon travail une connotation écologique. Je donne juste une vie différente à la matière. » Ainsi, pour ses « Monographes », il a délimité derrière l’atelier des artistes à Sarrebruck, une surface de 8,5 m2 où il déversera deux tonnes de papier mâché issu de journaux d’information. « Pour mon travail les gens me rapportaient à chaque fois une petite quantité d’exemplaires de leur quotidien. C’était une façon pour moi d’avoir un écho de notre monde, chaque jour, et de les recycler après usage », rapporte-t-il.
L’artiste raconte les moments vécus à Sarrebruck : « Au Kuba, j’étais dans ma bulle, je sortais peu et je travaillais sans cesse car j’avais de l’espace. L’exposition à l’Arsenal est une façon de revenir dans le monde réel, comme si j’avais vécu 6 mois sur une plateforme pétrolière sans voir personne, et de montrer mon travail ». Cette immense dalle de pâte séchée où s’imprime le relief du sol du chantier, il va la diviser en 25 petits carrés pour les embellir avec du bois et de l’acrylique. Les « Monographes » prennent vie et selon leur auteur, les plaques peuvent s’apparenter « à des cartes de géographie en relief où l’on pourrait, pour s’amuser ou pour décorer, placer des voitures ou des petits soldats si elles étaient posées à plat ».
Pour Bruno Tomassi le papier mâché est une matière obsessionnelle, le matériau représentant un vecteur de langage grâce auquel nous pouvons communiquer. Employé comme support dans toutes les œuvres présentées à l’exposition, il est associé avec de l’huile de vidange, de la peinture, de l’acrylique, de la résine ou du goudron. « J’aime les mots qui collent aux doigts. J’ai besoin de toucher le papier comme de la matière puis de le transformer », explique-t-il, avant de raconter cette anecdote qui date de son enfance : « plus jeune, je m’achetais souvent des cahiers que je n’utilisais pas. En revanche, j’adorais le contact de leur papier. » Au contraire de ce qui est de mise dans les salles d’expo, le public est invité à toucher de ses mains les parties saillantes des « Monographes ».
Attention : les 6 cageots de gros fruits « KuBas » installés au milieu de la salle, et constitués de papier mâché, d’huile de vidange, de peinture et de cirage, il vaut mieux ne les découvrir qu’avec les yeux, si vous ne voulez pas en garder un souvenir… maculant vos doigts !
Article publié le 25 février 2009 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|JML – Bruno Tomassi expose son « retour du réel » à l’Arsenal de Metz.