Quand l’art contem­po­rain s’af­fiche au Val de Fensch

Depuis le 7 octobre dernier et pour quelques jours encore, les habi­tants du Val de Fensch peuvent appré­hen­der l’œuvre de Jean-Charles Massera sur les panneaux quatre par trois et ceux du réseau des abri­bus. Une initia­tive qui allie l’art et la réflexion et inter­pelle le regard du passant.

Les affiches ne passent pas inaperçues tant par leur contenu que dans leur concep­tion visuelle. Un fond blanc sur lequel se pose un bandeau rouge, et où se détache seule une phrase anodine et singu­lière, cela attire forcé­ment l’œil du passant. « Peut-être que si je n’avais pas ce travail-là je devien­drais un bobo avec mon appart dans le centre ville, mes pratiques cultu­rel­les… », pouvons-nous lire sur l’une d’entre elles. « Mon petit frère, c’est la géné­ra­tion des Luxem­bour­geois. » révèle une autre, un peu plus loin à Hayange. Et des formules comme celles-là, il y en a vingt-neuf au total. Depuis le 7 octobre dernier, elles sont placar­dées sur les panneaux quatre par trois et à travers le réseau des abri­bus de la commu­nauté d’ag­glo­mé­ra­tion du Val de Fensc. L’au­teur Jean-Charles Massera y expose des extraits de dialogues effec­tués en mai et juin 2009. Une ving­taine d’ha­bi­tants des envi­rons ont parti­cipé à cette perfor­mance que l’ar­tiste a inti­tu­lée « Yes, Nous Pouvons ! ».

A l’ini­tia­tive du projet, la rencontre de deux personnes. Mariek Dore­mus, char­gée de mission au Parc du haut-four­neau U4 à Uckange et Béatrice Josse, la patronne du Frac Lorraine, les deux struc­tures colla­borent depuis 2007. L’idée de propo­ser sur la voie publique une œuvre acces­sible, qui suscite la réac­tion, le ques­tion­ne­ment voire le dialogue des passants entre l’art contem­po­rain, et permette d’ir­ri­guer cultu­rel­le­ment le terri­toire et ses habi­tants, a séduit les poli­tiques locaux. Il faut dire que la pres­ta­tion artis­tique de l’au­teur avait déjà été réali­sée à Rennes en 2008. « Pour nous, l’objec­tif du projet est double », signale Mariek Dore­mus. « Il s’agit d’une part de donner un effet visuel en atti­rant l’at­ten­tion sur des phrases qui retiennent le regard en susci­tant une réflexion. D’autre part, d’uti­li­ser les espaces à desti­na­tion de la publi­cité pour provoquer un nouveau regard sur l’art contem­po­rain. » Deux séries de castings ont eu lieu entre mai et fin juin 2009, où Jean-Charles Massera a recher­ché des profils de travailleurs dans le secteur écono­mique du Val de Fensch.

Grâce au bouche à oreille, Jean-Charles Massera a réussi à enre­gis­trer dix-sept inter­views dont le contenu a évolué à chaque rencontre. « L’ar­tiste voulait faire une photo­gra­phie de la personne rencon­trée », précise la char­gée de mission au Parc du haut-four­neau U4. « Il souhai­tait savoir comment se situait le témoin à travers son exis­tence person­nelle et profes­sion­nelle », explique-t-elle encore. Dans le panel, il y a des jeunes mais égale­ment des seniors, des commerçants, des arti­sans ou des ouvriers. En raison de la proxi­mité terri­to­riale, écono­mique ou histo­rique des propos tenus, le public ne reste pas indif­fé­rent . Chacun peut en donner une inter­pré­ta­tion diffé­rente. « Nous voulions que les habi­tants du Val de Fensch, qu’il soit en voiture ou à pied, soient inter­pel­lés par les phrases affi­chées de leurs voisins et qu’ils se les appro­prient », commente Mariek Dore­mus. La campagne d’af­fi­chage se termi­nera mercredi prochain.

Article publié le 19 octobre 2009 dans le bimé­dia lorrain La Plume Cultu­relle.

Photo : ©LPC – Un des panneaux quatre par trois où le public a pu lire l’une des 29 phrases sélec­tion­nées par l’ar­tiste de sa perfor­mance « Yes, Nous Pouvons ! ».