La Plume Culturelle

« La Chaouée », le premier bar asso­cia­tif sur Metz

Depuis le 6 novembre dernier, le premier bar asso­cia­tif messin a vu le jour grâce à l’as­so­cia­tion « Pas Assez ». « La Chaouée », qui se consi­dère comme une réelle Maison Citoyenne et Cultu­relle, propose au public trois pôles : un café socio­cul­tu­rel, un espace d’ani­ma­tion et un lieu de répé­ti­tions pour les musi­ciens locaux. Objec­tif des membres de la struc­ture : susci­ter la culture et la rendre acces­sible à tous.

Depuis quelques années, le 1 rue du Champé n’avait plus vrai­ment la cote dans le quar­tier des Alle­mands. Après la ferme­ture du Pink Bar et l’aban­don du bâti­ment aux squat­teurs, l’as­so­cia­tion « Pas assez » a  donné à l’adresse une affec­ta­tion plus noble avec la créa­tion de la Maison Citoyenne et Cultu­relle. Après six mois de travaux pour trans­for­mer des locaux vétustes et déla­brés en un lieu chaleu­reux et accueillant, les initia­teurs du projet ne sont pas peu fiers du résul­tat. Ils offrent au public un accès « à la culture, à la soli­da­rité, aux échanges et aux rencontres inter géné­ra­tion­nelles et inter­cul­tu­relles », avec notam­ment  un bar asso­cia­tif au rez-de-chaus­sée, un local de répé­ti­tion pour les musi­ciens dans le caveau au sous-sol, des acti­vi­tés (jeux, ateliers, spec­tacles et débats) et l’ac­cueil d’as­so­cia­tions à l’étage.

« La chaouée », quesako ? 
La struc­ture s’est dotée d’un nom quelque peu cocasse issu du patois lorrain : « la chaouée ». Terme qui signi­fie grosse averse ou pluie abon­dante. « Nous avons choisi un nom qui sonnait bien à l’oreille et dont beau­coup de personnes en Lorraine igno­raient le sens », souligne amusé Grégory Amen, coor­di­na­teur pour l’as­so­cia­tion « Pas Assez ». Et de rajou­ter : « Ce nom apporte aussi un petit côté rayon­ne­ment régio­nal. » En éten­dant ses acti­vi­tés avec la Maison Citoyenne et Cultu­relle, l’as­so­cia­tion « Pas Assez » démontre sa capa­cité à mettre sur pied à Metz des projets ambi­tieux et précur­seurs. La struc­ture orga­nise depuis six ans des évène­ments, des anima­tions ponc­tuelles (Metz en fête, fête de la musique, le camping du JDM), des ateliers ludiques et des expo­si­tions. « Avant cela nous étions comme des nomades, nous allions chez les uns ou chez les autres. Main­te­nant, avec « la Chaouée », nous nous sommes séden­ta­ri­sés », signale encore le jeune perma­nent.

Mode de fonc­tion­ne­ment…
L’as­so­cia­tion dispo­sant d’une licence cercle privée, il faut y adhé­rer pour la modique somme de 2,5 euros l’an afin de pouvoir y consom­mer des bois­sons alcoo­li­sées (bières ou vins) prove­nant de produc­teurs de la région ou du commerce équi­table. « La néces­sité d’une adhé­sion en surprend plus d’un au début », tente d’ex­pliquer Oriane Alaphi­lippe, coor­di­na­trice de « la Chaouée », qui précise : « comme le montant reste déri­soire, c’est plutôt bien accueilli. On devient adhé­rent et non plus un simple consom­ma­teur. On valo­rise d’abord le côté humain. » Le succès semble au rendez-vous puisque en deux mois à peine déjà 700 personnes se sont acquit­tées de la coti­sa­tion. Évidem­ment, ce ne sont pas les fonds engen­drés par la sous­crip­tion ou la vente des rafraî­chis­se­ments qui permettent la péren­nité de la struc­ture. Grâce au soutien finan­cier du Conseil Régio­nal et de la Direc­tion Dépar­te­men­tale de la Jeunesse et des Sports, le budget de fonc­tion­ne­ment annuel avoi­sine les 100 000 euros. C’est ainsi que l’em­bauche pour six mois ou un an de cinq personnes en service civique a été possible.

De Lyon à Metz…
« Ici à Metz, les gens ne connais­saient pas ce prin­cipe de café asso­cia­tif. Normal, il n’y en avait pas », indique Oriane Alaphi­lippe. « Alors qu’à Lyon, d’où je suis origi­naire, il en existe des dizaines gérés par des béné­voles volon­taires. Il existe une réelle effer­ves­cence là-bas. Ici, l’in­ves­tis­se­ment dans le béné­vo­lat est diffé­rent, puisque la gestion se fait grâce à des perma­nents », annonce-t-elle encore. Aménagé avec des meubles dépa­reillés et une déco­ra­tion mini­male, et offrant des expo­si­tions d’une durée de trois semaines qui mettent à l’hon­neur des artistes locaux, le lieu donne l’im­pres­sion d’un chez soi où l’on invite ses amis à passer une soirée ensemble. « On peut se diver­tir avec des jeux de société comme à la maison. Les gens sont séduits et ouverts au système », renché­rit la jeune femme.

Prochaine étape envi­sa­gée pour « la Chaouée », un café-débat, une fois par mois, sur divers sujets d’ac­tua­lité et socié­taux, en colla­bo­ra­tion avec des asso­cia­tions parte­naires. Pour l’ins­tant, pas de date prévue. Si la Maison Citoyenne et Cultu­relle demeure un précur­seur  en la matière sur Metz, les membres de « Pas Assez » espèrent que d’autres cafés asso­cia­tifs ouvri­ront leurs portes dans la ville. A voir.


Article publié le 6 janvier 2011 dans le bimé­dia lorrain La Plume Cultu­relle.

Photo :  ©LPC|JeanVier – Oriane Alaphi­lippe et Grégory Amen, respec­ti­ve­ment cordi­na­trice pour la Maison Citoyenne et Cultu­relle « la Chaouée » et coor­di­na­teur de l’as­so­cia­tion « Pas Assez ».