« Le verger des Hespérides », une maison d’édition à l’âme d’adolescent
Après une carrière de quinze ans dans le grand reportage à travers le globe, Véronique Lagny Delatour a décidé de quitter le monde journalistique pour celui des éditeurs en créant, à Nancy, sa propre maison d’édition. Aussi, depuis deux ans, « Le Verger des Hespérides » propose un catalogue qui regroupe quatre collections d’ouvrages destinés au secteur jeunesse.
Durant quinze ans, Véronique Lagny Delatour aura sillonné environs 84 pays pour le compte de la revue National Géographic, pour Reporters sans Frontières ou pour une grande agence de presse américaine. Sa spécialité : écrire des articles de société à travers des portraits de personnes lambda aux quatre coins du globe et plus particulièrement en Moyen-Orient. En parallèle, elle enseignera en tant que vacataire en communication en langue anglaise à l’université de Metz jusqu’en 2006, date à laquelle elle souhaite changer d’orientation dans sa carrière professionnelle.
« J’écris depuis longtemps et il y a quelques années, j’ai publié mon premier ouvrage (Histoire de Goule et autres contes). J’en ai gardé un très bon souvenir ! » indique l’ex-grand reporter. « Et puis, je pars du principe que dans la vie, il faut se donner le minimum de regrets », affirme Véronique Lagny Delatour. Et d’expliquer : « Quand tu as fait le tour d’une activité et que cela ne convient plus, et que tu as une autre idée, tu te donnes les moyens pour la réaliser. » Qu’à cela ne tienne. En 2006, elle troque sa casquette d’auteure pour celle d’éditrice et fonde avec ses propres fonds (30 000 euros) Le verger des Hespérides à Nancy.
Le verger des Hespérides, une dénomination qui rappelle un lieu chargé d’histoire et de mythologie : Hercule qui y accomplit son onzième travail, le jardin du paradis où tout s’est joué pour l’ensemble des hommes à travers l’émergence du bien et du mal. Les Hespérides assimilées à la forêt de Brocéliande où l’enchanteur Merlin a été séquestré par la fée Viviane. Véronique Lagny Delatour n’en n’oublie pas le logo qu’elle appose à sa maison d’édition, riche en symboles : l’arbre pour le verger, les trois fruits pour la nourriture spirituelle ou matérielle disposés sous la forme d’un triangle qui indique la connaissance. « C’est tout simple comme visuel, et ce n’est presque pas intello comme logo et comme appellation » conclut-elle, le sourire aux lèvres.
Depuis la création de l’entreprise, quatre collections ont été élaborées pour le public : la première, Du coq à l’âme où les ouvrages proposés sont de petits clins d’œil sur l’enfance avec notamment les aventures de l’inspecteur Scot Lechat et de son fidèle assistant Pito ; ou sur un monde en voie de disparition, avec par exemple Au pays des Tezrains – Bab El Bled de Fatima Fdal (illustrations d’Édouard Steegmann). La deuxième collection, Humanistes en verve, regroupe des titres qui expliquent aux enfants le monde contemporain. Un bel exemple avec Le Perce-Gourou (Scénario de Monique Lévy et illustrations Arnaud Cayuela) qui initie avec humour les jeunes à la philosophie. La troisième collection, Patrimoine oral rassemble des contes collectés en direct au cœur des familles à travers le monde : Histoires autour du canun – Contes d’Algérie (Recueillis par Véronique Lagny Delatour, relecture Aleth Perrey et illustrations Arnaud Cayuela) pour ne citer que celui-là. Enfin, la dernière catégorie, Aventure à remonter le temps présente de nombreux textes qui surfent sur l’Histoire : Les pièces d’or du Téméraire de Michel Caffier et les illustrations de Clémentine Coleou-Colomb.
Pour un public encore plus jeune, Le verger des Hespérides propose sous la forme de CD, quelques contes de la collection Patrimoine oral. Au 19, rue du Grand Verger, on n’oublie personne et la jeunesse se régale d’histoires et d’aventures merveilleusement illustrées.
Le franc-parler de Véronique Lagny Delatour, qui n’a pas la langue dans sa poche, distille un brin d’humour subtil et aiguisé : « Si l’édition indépendante désire une petite place dans le monde de l’édition, où seules quatre grandes structures nationales couvrent les 36 000 enseignes de notre pays, il faut vraiment que, pour sortir du lot, elle vise une ligne éditoriale différente de ce qui se propose de nos jours », précise l’éditrice pragmatique qui a choisi le secteur jeunesse pour asseoir son entreprise. La gérante de la société compte équilibrer ses comptes dès cette année. En 2006, elle proposait deux ouvrages à son catalogue. Aujourd’hui, il en compte 23 avec une moyenne de tirage d’un millier par titre.
Une fabuleuse aventure humaine et intellectuelle qui n’est pas prête de s’arrêter de sitôt.
Article publié le 5 juillet 2008 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : © LPC|LVH – Véronique Lagny Delatour, éditrice lorraine dans le secteur jeunesse lors du salon du livre de Saint-Louis (68).