La Plume Culturelle

Expo­si­tion à Verdun : 1918 à l’heure améri­caine

La muni­ci­pa­lité de Verdun présente dans le cadre du 90ème anni­ver­saire de l’Ar­mis­tice, l’ex­po­si­tion « 1918 à l’heure améri­caine » à la Chapelle Buvi­gnier. Jusqu’au 28 septembre 2008, le public pourra contem­pler les illus­tra­tions, les objets et l’am­bu­lance de l’époque, et comprendre les diffé­rentes étapes de l’en­ga­ge­ment améri­cain dans la Grande Guerre.

Depuis le 14 juin dernier et jusqu’au 28 septembre 2008, Verdun rend hommage aux États-Unis d’Amé­rique à travers une expo­si­tion à la Chapelle Buvi­gnier. Le public se rendra compte grâce aux affiches, paque­tages mili­taires, docu­ments, photo­gra­phies, gravures, usten­siles de la vie courante, cartes postales diverses, et la présence d’une authen­tique ambu­lance Dodge de 1917 complè­te­ment restau­rée, des diffé­rentes étapes de l’en­ga­ge­ment améri­cain dans la Grande Guerre de 1917 jusqu’à la procla­ma­tion de l’ar­mis­tice le 11 novembre 1918. Pour clore cette rencontre avec tout un pan du passé de l’His­toire de la Première guerre mondiale, les visi­teurs décou­vri­ront, dans la dernière gale­rie, les photos témoi­gnant de la destruc­tion de Verdun à la fin du conflit. L’or­ga­ni­sa­tion de l’évè­ne­ment a pu être fina­li­sée grâce aux diffé­rentes collec­tions du Mémo­rial de la bataille de Verdun, de la biblio­thèque d’Études de la Commu­nauté de communes de Verdun, du Musée de la Prin­ce­rie, des Archives dépar­te­men­tales de la Meuse et de la fonda­tion Marius Berliet.

« 1918 à l’heure améri­caine » éclaire le public en déve­lop­pant les diffé­rents aspects de l’en­ga­ge­ment améri­cain sur le front français, qui démarra bien avant la décla­ra­tion de guerre du président Wilson à l’Al­le­magne le 6 avril 1917. Car les États-Unis soute­naient l’ef­fort de guerre des Alliés seule­ment sous une forme huma­ni­taire (Croix Rouge, ambu­lances, infir­mières) pour des raisons de neutra­lité et à cause de la poli­tique isola­tion­niste menée depuis George Washing­ton. Après une série d’évè­ne­ments qui mena­cèrent leur liberté (torpillage alle­mand du paque­bot Lusi­ta­nia en 1915 lors duquel 128 Améri­cains périrent, la dépêche Zimmer­mann dans laquelle l’Al­le­magne incite le Mexique à décla­rer la guerre aux États-Unis), la sous­crip­tion fédé­rale est lancée auprès des jeunes Améri­cains céli­ba­taires âgés de 18 à 34 ans. A cause d’un manque certain de moyens logis­tiques et d’in­fra­struc­tures (casernes inexis­tantes, tenues et arme­ments obso­lètes, nombre de bateaux insuf­fi­sant), mais surtout en raison d’un défaut d’en­traî­ne­ment des hommes de troupe, des instruc­teurs français et anglais sont dépê­chés d’ur­gence sur place pour les former. Un an après son entrée en guerre, l’ar­mée améri­caine pourra déta­cher envi­ron 500 000 de ses soldats entraî­nés et équi­pés pour atteindre le million à la mi-juillet 1918 sur le front français.

« Pour les 9/10ème des visi­teurs de l’ex­po­si­tion, c’est une surprise », déclare Jean-Paul Mathieu, conseiller muni­ci­pal de Verdun et chargé des rela­tions publiques et de la mémoire. « Le public s’ima­gi­nait que les États-Unis, lorsqu’ils s’en­gagent dans le conflit le 6 avril 1917, dispo­saient d’une armée consti­tuée. Il n’en était rien ! A cette époque, ils ne pouvaient propo­ser que 200 000 hommes non entraî­nés à une guerre de cette enver­gure et armés seule­ment de 600 000 fusils Spring­field. Quant à l’ar­tille­rie lourde, elle possé­dait une capa­cité de muni­tions à peine suffi­sante pour 9 heures de bombar­de­ments. », informe l’élu, qui précise : « Évidem­ment, pas de chars ni d’avions à leur dispo­si­tion. Pour donner une idée, l’ar­mée des États-Unis était au seizième rang dans le clas­se­ment des armées du monde… juste derrière le Portu­gal ! »

Seule une petite divi­sion débarqua sur le sol français dès 1917 pour symbo­li­ser la parti­ci­pa­tion améri­caine au conflit en atten­dant les renforts plus consé­quents. « C’est le 24 octobre 1917 que les Améri­cains déplorent leur premier blessé, et dans la nuit du 2 au 3 novembre 1917 leurs 3 premiers tués, soit 7 mois après la décla­ra­tion de guerre des États-Unis. Durant cette période, il aurait pu s’en passer des choses en atten­dant que les Améri­cains arrivent sur le front ! » insiste Jean-Claude Mathieu. A partir de septembre 1918, la donne change et l’ar­mée améri­caine remporte une victoire à Saint-Mihiel puis parti­cipe, auprès des poilus français, à la bataille d’Ar­gonne gagnée par les alliés. Le 1er novembre, l’ef­fort final sur la Meuse est confié aux Améri­cains jusqu’à l’ar­mis­tice du 11 novembre à 11 h 00.

Aujourd’­hui, 6000 visi­teurs ont déjà foulé le sol de la Chapelle, rendant ainsi hommage à la parti­ci­pa­tion, il y a main­te­nant tout juste 90 ans, de toute une géné­ra­tion d’Amé­ri­cains dans le premier conflit mondial. Une manière pour la mémoire collec­tive française de ne pas oublier ceux qui auront été les acteurs directs de cette guerre, au cœur des atro­ci­tés des combats.


Article publié le 5 juillet 2008 dans le bimé­dia lorrain La Plume Cultu­relle.

Photo : © LPC|Biblio­thèque de Verdun – Soldats améri­cains sur le pont Beau­re­paire, à Verdun en 1918.


 

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