La Plume Culturelle

Le Trésor des Barbares, un butin englouti dans le Rhin

À quelques kilo­mètres de la fron­tière franco-alle­mande, entre la Moselle et la Sarre, le parc archéo­lo­gique de Blies­bruck-Rein­heim accueille jusqu’au 26 octobre 2008, l’ex­po­si­tion « Le trésor des Barbares ». Le temps d’une visite, le public plonge dans le passé et revit l’époque gallo-romaine grâce au butin  des Alamans retrouvé au fond du fleuve entre 1967 et 1997 près de Neupotz.

Le visi­teur va pouvoir imagi­ner une époque loin­taine et peu connue où les peuples vivant dans la région ont été des Gaulois roma­ni­sés, ce que tout le monde sait mais égale­ment des Barbares, ce qu’on sait beau­coup moins. Ainsi, jusqu’au 26 octobre 2008, le parc de Blies­bruck-Rein­heim accueille-t-il le public pour lui présen­ter Le Trésor des Barbares perdu dans les eaux du Rhin en 260 ap. JC. A cette époque, les barbares ne se préoc­cupent guère des conquêtes terri­to­riales, seules les inté­ressent les expé­di­tions de pillages dans l’em­pire romain. Depuis l’au­tomne 269, les Germains (Francs, Alamans et Juthunges), réunis en coali­tion, ont parcouru le nord de l’Ita­lie, le sud-ouest de la Gaule et même une partie de l’Es­pagne, soit 2000 voire 3000 kilo­mètres pour amas­ser un véri­table trésor.

Après avoir pillé villes, villages ou sanc­tuaires, et pendant le voyage de retour, le convoi des barbares arrive près du port de Rhein­za­bern, où attend la flotte romaine qui souhaite récu­pé­rer par tous les moyens les biens volés à l’Em­pire. Les Romains vont tenter de stop­per les pillards sur le Rhin, mais une partie du butin sera perdue. Encore aujourd’­hui, personne ne peut affir­mer que cet événe­ment est dû aux combats ou aux dangers que présente le fleuve. Il faudra attendre 1700 ans avant que les exploi­tants d’une gravière, les frères Kuhn, découvrent au fur et à mesure, sur plusieurs sites d’un bras mort du cours d’eau, le magot oublié de tous. Pas moins de 728 kilos d’un trésor métal­lique consti­tué de mille objets en fer, en bronze, en laiton, en argent et en étain seront sortis des flots dans un état de conser­va­tion excellent.

Pour présen­ter cette décou­verte excep­tion­nelle aux Lorrains, on a choisi un endroit bien précis dans lequel Le Trésor des Barbares a pu être mis en scène pour donner l’illu­sion au public de se trou­ver à l’époque voulue. Et ce site, c’est évidem­ment le parc archéo­lo­gique euro­péen de Blies­bruck-Rein­heim, qui se situe dans la vallée de Blies. À Blies­bruck, en France, les visi­teurs peuvent décou­vrir les vestiges d’une petite ville gallo-romaine. À Rein­heim, en Alle­magne, se trouvent les ruines d’une spacieuse villa de l’époque romaine ainsi que la recons­ti­tu­tion de la tombe celtique de la Prin­cesse de Rein­heim ; une réali­sa­tion publique euro­péenne unique grâce à un parte­na­riat entre la France et l’Al­le­magne dans le domaine de l’ar­chéo­lo­gie.

Dans la salle prin­ci­pale du centre d’ex­po­si­tion, un temple surplombe la place du marché d’une petite ville gallo-romaine du sud-ouest de la Gaule. Autour, des façades de maisons, à l’in­té­rieur de celles-ci, des vitrines regor­geant du butin des barbares : armes des soldats, monnaie, bijoux luxueux, offrandes pour les dieux, outils des arti­sans, usten­siles de cuisine et vais­selle, grâce à quoi le visi­teur peut se proje­ter dans le quoti­dien des habi­tants de l’époque. Par ailleurs, est expo­sée la maquette d’un bateau de guerre à l’échelle 1/1 qui a été réali­sée d’après une épave décou­verte à Mayence. Pour clore ce voyage dans le temps, une réplique d’une des nombreuses barges qui ont traversé le Rhin a été recons­ti­tuée, portant un chariot qui contient de nombreuses pièces extraites du butin perdu dans le fleuve. Une image qui restera gravée dans la mémoire des enfants comme des adultes.

Une belle initia­tive du Conseil Géné­ral de Moselle qui a réussi à rassem­bler un peu plus de 18 000 visi­teurs depuis l’ou­ver­ture de la mani­fes­ta­tion en juin dernier. Déjà l’an­née dernière, une expo­si­tion sur la ville de Pompéi avait remporté un franc succès au parc d’ar­chéo­lo­gie de Blies­bruck-Rein­heim, qui avait accueilli envi­ron 81 000 personnes. Une période de l’his­toire de notre région qui inté­resse un grand nombre d’Al­le­mands et de Français.


Article publié le 5 septembre 2008 dans le bimé­dia lorrain La Plume Cultu­relle.

Photo : © LPC|Parc archéo­lo­gique de Blies­bruck-Rein­heim – La réplique d’une des barges des barbares qui a traversé le Rhin avec un chariot et son butin.


 

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