La Plume Culturelle

« De l’icône à la cari­ca­ture »… il n’y a qu’un pas !

L’ex­po­si­tion « De l’icône à la cari­ca­ture » propo­sée par le Mémo­rial de Verdun, et ouverte au public jusqu’au 15 novembre prochain, aborde le sujet de la propa­gande utili­sée par les belli­gé­rants durant la Première guerre mondiale.  Les person­na­li­tés poli­tiques ou mili­taires deviennent des supports de commu­ni­ca­tion par le biais  d’objets de la vie courante  pour justi­fier la guerre auprès de l’opi­nion publique. Flash-back sur l’an­cêtre de la commu­ni­ca­tion…

Aujourd’­hui, le mot « propa­gande » est remplacé un terme plus appro­prié et moins barbare pour valo­ri­ser notre mode de consom­ma­tion dans notre civi­li­sa­tion : la commu­ni­ca­tion. Pour­tant, le procédé de diffu­sion des objets avec les logos ou les marques des entre­prises, afin de sensi­bi­li­ser le client poten­tiel, ressemble à s’y méprendre à la tech­nique utili­sée par les belli­gé­rants durant le premier conflit mondial. Pour justi­fier le coût de la guerre, la perte de soldats, le sacri­fice et la notion du patrio­tisme, il faut sensi­bi­li­ser l’opi­nion publique à l’ef­fort de guerre mais surtout la main­te­nir soudée derrière les auto­ri­tés mili­taires ou poli­tiques. Aussi, grâce aux progrès de la repro­duc­tion en série de l’époque, l’ima­ge­rie, la presse et les objets divers de la vie courante parti­cipent au main­tien du moral de la popu­la­tion civile.

« Nous avons voulu montrer la popu­la­rité de certains person­nages de l’époque à travers des repré­sen­ta­tions de leur image », explique Marie-Estelle Tillard, respon­sable des collec­tions et des expo­si­tions tempo­raires au Mémo­rial de Verdun. « On les retrouve sur des supports papiers tels que les jour­naux ou les cartes postales mais égale­ment sur des objets inat­ten­dus comme les briquets, les papiers de bonbons ou, pour Joffre, par exemple, du cognac », souligne-t-elle. La propa­gande au service des nations devient un enjeu capi­tal pour conser­ver la confiance et le soutien des civils. Alma­nachs, jeux pour les enfants, vais­selles, tire­lires, statuettes, deviennent des supports pour présen­ter l’ef­fi­gie des auto­ri­tés natio­nales ou alliées. Quant aux enne­mis, on les cari­ca­ture jusqu’à l’ex­cès afin de susci­ter auprès de la popu­la­tion une haine certaine envers le camp adverse.

Chaque nation a ses héros et ses adver­saires. Pour la France, Joffre ou Clemen­ceau deviennent des person­nages aussi idolâ­trés que vendeurs. On retrouve l’ef­fi­gie du premier sur des paquets de ciga­rettes ; quant au second, même si on le cari­ca­ture d’une façon posi­tive en vaillant tigre comba­tif, on vend dans le commerce des boites de choco­lat et des jouets qui prennent la forme du félin. Les artistes ou les dessi­na­teurs français mettent leurs talents au service du pays dans la satire et le dessin de mauvais goût. Le portrait de Guillaume II, empe­reur d’Al­le­magne, se retrou­vera dans l’hexa­gone au fond de pot de chambre, alors que dans son pays, l’image du Kaiser s’as­so­cie volon­tiers avec la publi­cité pour les auto­mo­biles ou les médi­ca­ments. Si les Alle­mands excellent dans le domaine de la propa­gande en possé­dant pour leur poli­tique étran­gère et commer­ciale depuis 1915 un service dédié à la commu­ni­ca­tion, la France a quelques années de retard.

Les grandes agences de presse (Reuter pour l’An­gle­terre, Wolff pour l’Al­le­magne, Stefani pour l’Ita­lie, Havas et Four­nier pour la France) étroi­te­ment contrô­lées et surveillées par les auto­ri­tés respec­tives, contri­buent à la diffu­sion de l’in­for­ma­tion uniforme. En France, afin qu’au­cun déra­page n’ait lieu concer­nant les person­nages publics ou ceux des pays neutres ou alliés, au nom de l’Union Sacrée de la nation, la critique sur les gouver­nants demeure inter­dite, puisque censu­rée dans la presse au motif que cela pour­rait mettre le pays en danger. Clemen­ceau, jour­na­liste et fonda­teur du jour­nal « l’Homme Libre » en 1913, et farouche oppo­sant de la censure, devien­dra Président du Conseil en 1917 mais ne la suppri­mera qu’en octobre 1919 pour des raisons d’Etat.

Le Mémo­rial de Verdun, plutôt accou­tumé à présen­ter des sujets plus mili­taires (la légion durant la grande guerre, les chas­seurs alpins, etc.), a décidé de propo­ser au public une théma­tique qui sort des sentiers battus. Ce qu’on appe­lait autre­fois propa­gande au service de l’Etat, nous pouvons le dénom­mer aujourd’­hui marke­ting à la dispo­si­tion du monde des affaires. La collec­tion d’objets de la vie courante datant de la Première guerre mondiale restera acces­sible aux visi­teurs jusqu’au 15 novembre 2008.


Article publié le 6 octobre 2008 dans le bimé­dia lorrain La Plume Cultu­relle.

Photo : © LPC|(Montage de la rédac­tion)– La Propa­gande pour l’ef­fort de guerre en 1914, aujourd’­hui on appelle cela de la commu­ni­ca­tion au service des entre­prises.


 

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