« le Petit Théâtre, dans la ville… » de Nancy
Hervé Breuil et Maryse Dolweck gèrent le Petit Théâtre, dans la ville… établi dans un hôtel particulier de la Renaissance, situé dans le vieux Nancy. Depuis trois ans, ces deux intermittents du spectacle proposent au public, avec l’aide d’une troupe de comédiens, une programmation éclectique qui intègre pièces classiques et contemporaines.
Dans le noir complet, les spectateurs entendent la bande sonore qui se diffuse à travers la salle, les vrombissements de machines industrielles. L’ambiance est pesante. Puis des halos de lumière de diverses couleurs illuminent le décor qui, plus vrai que nature, absorbe les lieux. D’une façon abrupte et sans crier gare, le jeu des acteurs commence et donne le ton de la pièce. La mise en scène du baiser de la veuve d’Israël Horovitz ne doit rien au hasard ou à l’amateurisme, surtout pas avec Hervé Breuil et Maryse Dolweck qui co-gèrent depuis trois ans, dans un hôtel particulier du 16ème siècle de la vieille ville de Nancy, un « petit » théâtre mais si « grand » en qualité : Le petit théâtre, dans la ville…
33 places pour les spectateurs et pas une de plus. Quoique, indique Hervé Breuil, sourire aux lèvres : « On peut monter jusqu’à 38 mais ensuite on est serré comme des sardines ». Soit un tiers de la salle de théâtre pour le public, et deux tiers pour la scène qui mesure 10 mètres de profondeur sur 6 de large. Très peu d’espace pour séparer la scène du public, qui est en quelque sorte introduit dans le décor, et le jeu des lumières installe une véritable intimité. Le spectateur a vraiment l’impression d’être chez lui en train de regarder un écran en 3D : « Le public embarque dans nos histoires. On n’a pas peur de faire des ellipses ou d’inclure des voix off. Nous introduisons des éléments du cinéma dans le théâtre », explique l’intéressé ; et de préciser : « Ainsi, les spectateurs ont l’impression qu’on joue chez eux ».
Le petit Théâtre, dans la ville… existe depuis trois ans et fidélise chaque année un public toujours plus nombreux. En 2005, environ 600 personnes ont franchi le porche de l’immeuble du 11 Grand-rue à Nancy pour découvrir des pièces contemporaines et classiques comme Le journal d’un fou de Nicolaï Gogol, Le baiser de la veuve d’Israël Horovitz, Huis-clos de Jean-Paul Sartre ou Les bonnes de Jean Genet. En cette fin d’année 2008, l’établissement avoisine les 2600 entrées. « Il faut amener les gens au théâtre et pour qu’ils viennent, il faut leur montrer de bonnes pièces qui traversent tous les âges avec de vrais acteurs et une vraie mise en scène », indique Hervé Breuil qui enfonce le clou : « Nous ne mettons pas en scène des créations bricolées sur un bout de table entre copains. Aujourd’hui on fait trop l’amalgame dans la profession entre théâtre amateur et théâtre professionnel. »
Hervé Breuil et Maryse Dolweck savent de quoi ils parlent. Pour l’un, le Conservatoire National puis les planches depuis quarante ans, ajoutant, dans les années 70, un passage au cinéma avec Andrzej Zulawski ou Michel Drach dans les films le pull over rouge et Maupassant. Il cumule les fonctions : à la fois acteur, metteur en scène et comédien. L’autre débute son parcours à l’Ecole Supérieure d’Art dramatique du Théâtre National de Strasbourg puis au Théâtre de Lille. Leurs chemins se sont croisés en 1972, lors d’un spectacle, et aussi à Nancy en 1985 sur une mise en scène de Ciel ouvert et de Jeff à la Comédie de Lorraine. Enfin, en 1997 le binôme artistique a ouvert une école de théâtre du nom de « Form’Action » qui deviendra huit ans plus tard un lieu théâtral à part entière au nom évocateur. « J’étais à Paris », raconte Hervé Breuil. « Dans mon dos, la colonne du Châtelet, et face à moi, le Théâtre de la Ville ; et je me suis dit : ‘‘A Nancy, on devrait l’appeler le petit Théâtre, dans la ville…, pour que le nom identifie le lieu ! »
En mai 2009, Le petit théâtre, dans la ville… s’ouvre à la musique avec les concerts du groupe Rougge. Autre nouveauté qui ne manquera pas de piquant et d’intérêt pour le public : l’interprétation de contes érotiques en juillet prochain et en préparation pour le début de la saison 2008/2009, dès novembre, la pièce La Jeune Fille et la Mort d’Ariel Dorfman dont la structure a récemment acquis les droits d’auteur. Une vraie programmation culturelle éclectique dans un lieu vraiment unique et… atypique.
Article publié le 17 novembre 2008 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : © LPC|JML – Maryse Dolweck et Hervé Breuil, tout deux fondateurs du « Petit théâtre, dans la ville… » à Nancy.