La Plume Culturelle

Le dernier-né des éditeurs lorrains : les « Éditions des Paraiges »

Fondées en mars 2011 et basées à Metz, les « Éditions des Paraiges » ambi­tionnent une enver­gure régio­nale avec la publi­ca­tion d’ou­vrages locaux consa­crés aux domaines histo­rique et patri­mo­nial ou à la litté­ra­ture. A sa tête, Sébas­tien Wagner, histo­rien de forma­tion, concré­tise un projet longue­ment pensé depuis une décen­nie alors que l’ac­ti­vité commer­ciale du secteur s’avère assez risquée pour une petite struc­ture. A l’ère du numé­rique, le jeune homme sort son épingle du jeu.

De nos jours, l’am­bi­tion ou les moyens finan­ciers ne suffisent plus pour fonder sa propre maison d’édi­tion, a fortiori régio­nale. Pour se lancer dans l’aven­ture, il faut ajou­ter une bonne dose de passion et un réel esprit de sacer­doce. Il n’y a qu’à consta­ter les diffi­cul­tés rencon­trées par les éditeurs voire pour certains d’entre eux la dispa­ri­tion totale de leur acti­vité.Car l’in­dus­trie du livre évolue dans un contexte écono­mique morose, et le marché de la culture se porte assez mal depuis quelques années. Pour­tant en mars dernier Sébas­tien Wagner a décidé de fonder les « Éditions des Paraiges ». « La posi­tion de mono­pole de certains éditeurs n’est pas bonne. Il faut diver­si­fier l’offre et l’en­ri­chir », explique l’in­té­ressé qui précise que, si l’édi­tion se trouve avec l’émer­gence du numé­rique à un tour­nant de son histoire, le livre n’a rien à craindre de la nouvelle tech­no­lo­gie. « Quelqu’un qui aime la matière du support-papier, ne le délais­sera pas pour un iPod », renché­rit l’édi­teur.

Un projet qui tient compte des attentes des lecteurs et des auteurs
Il faudra dix années pour que le projet mûrisse dans la tête de Sébas­tien Wagner, durant lesquelles il accu­mu­lera de l’ex­pé­rience profes­sion­nelle. En l’an 2000, il travaille sur des produc­tions messines pour les « Éditions Écono­mica » situées à Paris. Puis en 2009, le jeune histo­rien de forma­tion publie « Le Diction­naire histo­rique des rues de Metz ». Pour­tant, ce ne sera qu’en 2010 que survien­dra le déclic, l’étin­celle qui mettra le feu aux poudres. « Je me suis rendu compte que les ouvrages de réfé­rence en histoire locale n’exis­taient pas », déclare le jeune patron. Il se saisit alors d’un livre posé sur la table basse. « Vous en avez déjà vu d’aussi volu­mi­neux, 360 pages, édités par une maison régio­nale ? », demande-t-il en mani­pu­lant le premier ouvrage de son cata­logue, « Histoire du royaume méro­vin­gien d’Aus­tra­sie » d’Alexandre Hugue­nin. « Nous sommes les premiers à le propo­ser. Comme les attentes des lecteurs ou des auteurs n’étaient pas comblées dans notre région, j’ai voulu créer quelque chose qui n’exis­tait pas encore. »

« Je souhaite en litté­ra­ture abor­der l’as­pect contem­po­rain,
et mettre en valeur le patri­moine lorrain avec l’His­toire »

Doté d’un statut d’auto-entre­pre­neur, afin de limi­ter les frais, et fort d’un capi­tal d’en­vi­ron 5 000 euros, Sébas­tien Wagner a l’am­bi­tion d’im­pri­mer six ouvrages d’ici la fin de l’an­née et pratique­ment une dizaine pour 2012. D’ores et déjà dispo­nibles auprès des libraires lorrains, l’ou­vrage histo­rique sus-cité « Histoire du royaume méro­vin­gien d’Aus­tra­sie » d’Alexandre Hugue­nin, et un polard d’Alain Thon « Mort suspecte d’un franc-maçon », édités chacun à 700 exem­plaires et presque épui­sés à ce jour. La jeune société s’est donné trois axes d’édi­tion bien précis, l’his­toire, le patri­moine et la litté­ra­ture. Mais égale­ment la réédi­tion d’au­teurs locaux tombés dans l’ou­bli. « Je souhaite en litté­ra­ture abor­der l’as­pect contem­po­rain et mettre en valeur le patri­moine lorrain avec l’his­toire », affirme Sébas­tien Wagner qui s’est aperçu grâce à son métier, consul­tant auprès du musée de Grave­lotte, que les Lorrains ne connais­saient pas vrai­ment leur passé.

Sébas­tien Wagner… un multi-casquettes !
Aucun doute, Sébas­tien Wagner affec­tionne tout autant la litté­ra­ture que l’his­toire. Alors, lorsqu’il a la possi­bi­lité de nommer sa maison d’édi­tion en faisant réfé­rence aux six grandes familles qui diri­geaient la ville de Metz, et formaient une oligar­chie urbaine du Moyen Âge jusqu’à la fin de l’An­cien Régime, il s’en donne à cœur joie. C’est ainsi que naissent les « Éditions des Paraiges ». Le contenu, l’es­thé­tique et la mise en page des ouvrages revêtent pour ce jeune entre­pre­neur une impor­tance parti­cu­lière. De la récep­tion des tapus­crits à la rencontre des auteurs, de la relec­ture à la concep­tion des ouvrages, de l’im­pres­sion à la distri­bu­tion des livres, rien ne lui échappe. « Dans les struc­tures locales, le direc­teur d’édi­tion est multi-casquettes. Il doit maîtri­ser l’in­té­gra­lité de la chaîne du livre », signale-t-il, avant de préci­ser : « A Paris, il y a un poste par personne, et le contact avec les auteurs n’est pas le même, c’est regret­table. » Le temps est précieux et le jeune homme n’ignore pas que son travail sera jugé sur la qualité et le nombre d’ou­vrages figu­rant à son cata­logue. Ainsi, il annonce déjà la prochaine paru­tion d’un livre sur la visite des chefs d’État français à Metz, et d’un roman histo­rique sur le siège de Metz en 1552. 

Être ration­nel dans une période de diffi­cul­tés écono­miques…
Si la passion et l’en­vie de propo­ser des ouvrages de qualité sur des théma­tiques bien précises donnent des ailes et de l’am­bi­tion à Sébas­tien Wagner, celui-ci n’est pas pour autant dépourvu de réflexion, recon­nais­sant que le secteur du livre vit une période de lourdes diffi­cul­tés écono­miques. Aussi édite-t-il de petites quan­ti­tés sous la barre des 1 000 exem­plaires, et il lance régu­liè­re­ment des sous­crip­tions avant la mise sous presse de certains de ces titres. Seuls les lecteurs et l’ave­nir donne­ront raison ou non au projet de ce jeune entre­pre­neur qui n’aura pas eu froid aux yeux. Et nous savons tous qu’il faut, surtout en ce moment,  un courage sans faille pour se lancer.


Article publié le 17 octobre 2011 dans le bimé­dia lorrain La Plume Cultu­relle.

Photo :  ©LPC|JeanVier – Sébas­tien Wagner à son bureau. Ce passionné de litté­ra­ture et Histo­rien de forma­tion a réalisé son rêve. Créer sa propre maison d’édi­tion régio­nale.


 

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