Compte à rebours à « Faux Mouvement »… avant fermeture définitive
« Faux Mouvement » existe depuis vingt-cinq ans et sa pédagogie permet au public messin de comprendre l’art contemporain. Malheureusement, la convention entre les partenaires publics n’a pas été reconduite et la structure culturelle connaît des difficultés financières sérieuses. Si aucune solution n’est trouvée, l’établissement fermera définitivement ses portes le 31 décembre 2008. Un comité de soutien va être créé, et la dernière exposition de l’année aura lieu à partir du 18 septembre 2008 avec l’artiste japonais Hiraki Sawa.
« Nous devions fêter en décembre prochain les 25 ans de Faux Mouvement », déclare Maryse JeanGuyot, directrice de la structure d’art contemporain messine, aux quelques visiteurs présents. C’est avec ironie qu’elle conclut : « mais je crois qu’on va plutôt célébrer ses funérailles ». Le public qui se balade à travers les œuvres de Cécile Bart dans l’espace d’exposition s’estomaque de la nouvelle. Personne ne comprend et ne peut imaginer qu’après un quart de siècle de présence au centre ville de Metz, Faux Mouvement pourrait ne devenir qu’un souvenir qui s’estomperait avec le temps simplement en raison d’un manque de moyens financiers. Pour continuer a minima l’activité culturelle jusqu’au 31 décembre 2008, il lui faut trouver d’urgence 32 000 euros.
Depuis le début de l’année, Maryse JeanGuyot accumule les mauvaises nouvelles : diminution des subventions publiques, fin des contrats aidés et non renouvelés, aucun accord signé entre la Drac, l’académie de Nancy-Metz, la mairie de Metz et Faux Mouvement après le terme de la convention qui les liait pour trois ans (2004–2006). Il faut dire que début 2007, les élections présidentielles puis municipales ont gelé toute décision : l’inertie était de mise pour tout le monde. Prévoyante, la directrice de Faux Mouvement demande un audit financier en janvier et tire une première fois la sonnette d’alarme en juin dernier auprès des pouvoirs publics.
Entendue par la municipalité de Metz, la structure Faux Mouvement se voit octroyer, sous la forme d’une subvention exceptionnelle, 20 000 euros au début du mois de juillet 2008. « Cette subvention démontre bien la volonté et l’engagement de la municipalité de vouloir nous aider afin que nous ne disparaissions pas du paysage culturel », explique la directrice du centre d’art contemporain. « Mais il me manque tout de même 12 000 euros pour boucler le budget », signale-t-elle. Les soucis financiers ne l’empêchent pas cependant de travailler sur un projet de convention de quatre ans en élargissant les partenaires, notamment la Région et le Conseil Général de Moselle, projet qu’elle soumettra au plus vite !
Néanmoins, Maryse JeanGuyot reste amère face à une situation qu’elle ne maîtrise pas et désespérée de voir la structure, qu’elle a créée en 1983, mourir à petit feu. Déçue par le comportement de certains de ses partenaires, elle libère ses pensées : « Normalement, vu le travail accompli depuis tant d’années je pensais pouvoir compter sur eux, or il se trouve que je n’ai que peu de soutien de leur part, si l’on excepte la municipalité de Metz… mais elle ne peut pas se substituer aux autres. J’espère que l’engagement de la Ville sera un exemple suivi par les autres partenaires. »
Aussi pour que l’opinion publique demeure informée de la situation de Faux Mouvement, Maryse JeanGuyot a décidé de monter un comité de soutien avec des artistes du monde de l’art contemporain comme, entre autres, Gérard Collin-Thiébaut ou Cécile Bart. Mais également avec toutes celles et tous ceux qui souhaiteraient l’aider à sauver du naufrage le navire en perdition. Car au-delà de Faux Mouvement et de son histoire, c’est surtout un espace culturel, un de plus, qui disparaîtrait, ce qui contribuerait à réduire encore le nombre, dérisoire en Lorraine, de lieux d’exposition où les artistes peuvent exprimer leur talent devant un public.
Pour l’instant, Maryse JeanGuyot prépare la participation de Faux Mouvement à « la nuit blanche » du 3 octobre 2008 en collaboration avec le collectif d’architectes 3RS qui montent un projet d’échafaudages et de lumières sur la place Saint-Louis à Metz. Pour l’occasion, elle organise une exposition avec l’artiste japonais Hiraki Sawa repéré en 2003 à la Biennale « C’est arrivé demain » de Lyon. Le public pourra regarder à partir du 3 octobre et jusqu’à la fin du mois de novembre 2008, des vidéos où de petits jeux d’enfants sont mis en scène dans un univers de la vie au quotidien, comme des avions miniatures qui volent à travers la salle de bain, ou des chevaux de bois qui nagent dans la baignoire remplie d’eau.
« Par rapport aux 3 expositions initialement prévues pour le dernier trimestre de 2008, je dois monter une expo pour la fin septembre avec un petit budget. J’ai prévu une exposition vidéo dont la mise en place est compatible avec mes moyens actuels, je pense être prête pour la nuit blanche », annonce-t-elle. Il faut dire que ses effectifs ont fondu comme neige au soleil. Sur cinq permanents, il n’en reste plus que deux : la secrétaire-comptable et elle-même. « Moi, je ne fais pas de la culture au rabais ! Je ne choisis pas les artistes selon un prix mais selon leur talent ! Mais s’il n’y a pas de solution avant la fin décembre, je descends le rideau ! », soupire-t-elle avec regret.
Alors si vous souhaitez adhérer à Faux Mouvement, ou soutenir son action pour éviter la fermeture, contactez Maryse JeanGuyot. La Plume Culturelle vous informera régulièrement de l’évolution de l’affaire. A suivre…
Article publié le 5 septembre 2008 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : © LPC|JML – L’artiste japonais Hiraki Sawa à Faux Mouvement, peut-être la dernière exposition de l’établissement si les pouvoirs publics ne réagissent pas avant décembre 2008.