Wally, le touche-à-tout messin

Wally, figure bien connue dans le milieu cultu­rel messin, a réédité, au début du mois d’oc­tobre 2010, son premier ouvrage, paru en 1998,  « Totem ou le délire des braves » chez ILL éditions. Un recueil de poèmes, de textes libres et de nouvelles qui témoigne de trente ans de vécu et d’ob­ser­va­tions person­nelles. Portrait d’un homme pas comme les autres.

Si le nom de Loua­lid Moulay Abdel­lah ne vous dit rien, peut-être que « Wally », son pseu­do­nyme de scène, vous rappel­lera quelqu’un. Surtout si vous baignez dans le milieu cultu­rel messin. Pour éclai­rer ceux qui se deman­de­raient encore « mais qui est-ce ? », rappe­lons que depuis dix ans il endosse la lourde tâche de gérer la program­ma­tion musi­cale esti­vale de l’as­so­cia­tion « les Amis de la maison Rabe­lais » à la terrasse du bar le Mathis. Si nous recu­lons encore dans le temps, c’est lui qui durant quatre ans, dans les années 70–80, a orga­nisé aux Trini­taires, quand l’en­droit revê­tait à Metz une impor­tance cultu­relle sans pareille grâce à l’in­con­tour­nable Pierre-Frédé­ric Klos, les « Wally­simo ». Un rassem­ble­ment d’une soirée où de nombreux groupes musi­caux de renom­mée souvent inter­na­tio­nale venaient jouer sur scène. Toute une époque, nous diraient avec regrets les anciens. Wally se souvient de ces belles années : « ça deve­nait un peu chez moi, j’y jouais, j’y buvais et je faisais la fête. »

Humble, timide et modeste à la fois, Wally appré­cie peu qu’on parle de lui. Pour­tant ce touche-à-tout sait aussi bien appri­voi­ser les mélo­dies que les mots. L’écri­ture, chez lui, c’est une passion, qui le suit depuis son arri­vée à Metz dans les années soixante-dix. Venu du Maroc pour étudier en France, il décou­vrira au cours de ses péré­gri­na­tions le milieu cultu­rel messin et accom­pa­gnera aux percus­sions de nombreux musi­ciens, comme Bernard Lavilliers lors des passages de celui-ci dans la région, durant cinq ans. C’est égale­ment un homme de la nuit qui appré­cie la convi­via­lité, la nature humaine et la fête. Alors il tâte de la poésie et de la prose, il écrit des poèmes, des nouvelles. Il observe la vie, celle du quoti­dien. La sienne ou celle des autres. Si chez lui l’acte d’ali­gner des mots sur une page blanche procède d’un pur hasard, il s’y adonne depuis l’âge de vingt-cinq ans. Surtout pas de règles ! Sa ligne de conduite, c’est « pour le plai­sir et rien d’autre ». D’ailleurs il n’a aucu­ne­ment l’am­bi­tion de publier des ouvrages, il souhaite seule­ment parta­ger ce bonheur intel­lec­tuel avec son entou­rage. « Je ne me consi­dère pas comme un écri­vain », signale-t-il encore comme si l’ou­vrage qu’il tient en main n’était qu’un pur acci­dent de parcours : « C’est juste comme ça… pour le plai­sir  et puis faire une carrière ? Non, ce n’est pas mon truc ! »

Les premiers pas dans l’édi­tion
Pour­tant ses amis, qui lui suggé­raient sans relâche de publier ses textes, auront le dernier mot puisqu’il autoé­di­tera enfin en 1998 un recueil Totem ou le délire des braves. Si l’ou­vrage reste confi­den­tiel, le petit stock s’épuise rapi­de­ment. D’abord c’est dans l’en­tou­rage que le livret circule, puis le cercle des lecteurs s’agran­dit aux connais­sances ou aux curieux. Pour­tant il faudra attendre douze ans pour que, sous l’im­pul­sion de Gaëlle Todes­chini et de Vincent Bernard, avec l’as­so­cia­tion ILL Éditions, le livre soit réim­primé. Wally aura même droit à une préface d’An­dré Grei­ner, ancien jour­na­liste, à la parti­ci­pa­tion de Denis Diebold pour le portrait en couver­ture, ainsi qu’à des illus­tra­tions de Vincent Conrad. Une renais­sance litté­raire  méri­tée, de même qu’é­tait mérité le soutien de personnes qui souhai­taient qu’un pan de l’his­toire cultu­relle messine, même minime, puisse être partagé avec le grand public.

2010 : la renais­sance
Alors oui, il se lit d’une seule traite, ce livre qui offre de parta­ger un moment intime avec l’au­teur. L’uni­vers des bars et de la nuit, l’amour, les femmes, les amitiés, les inter­ro­ga­tions et les senti­ments, quels qu’ils soient, Wally lâche tout, pêle-mêle… sans vergogne. Sa plume allie poésie, nouvelles, textes frais et  déli­cats. Le style ne vous donne pas la migraine, il ne vous torture pas les méninges. Ce sera simple­ment le témoi­gnage de Wally, Wally qui a observé avec acuité une période de sa vie et du milieu messin dans lequel il a baigné. D’ailleurs, arrê­tons de parler au passé, puisqu’il le côtoie encore. A quand son deuxième ouvrage ? Seul lui le sait. Mais, de vous à nous, il a matière à le concré­ti­ser.

Article publié le 12 octobre 2010 dans le bimé­dia lorrain La Plume Cultu­relle.

Photo : ©LPC|JeanVier – Wally, une figure emblé­ma­tique connue dans le milieu cultu­rel messin. Auteur de l’ou­vrage « Totem ou le délire des braves » paru chez ILL éditions.