La Plume Culturelle

Une rencontre heureuse entre la science et l’art contem­po­rain

L’uni­vers parti­cu­lier des sculp­teurs Philippe Bouve­ret et Bob Bren­nen a élu domi­cile à la Gale­rie Shimoni (Monti­gny-lès-Metz) pour quelques semaines encore. Pour le premier, la force de la nature apporte sa contri­bu­tion aux méca­nismes de ses créa­tions. Pour l’autre, la tech­no­lo­gie futu­riste est l’es­sence même de ses œuvres. 

Depuis quelques jours, s’il y a bien un sujet que tout le monde aime reprendre au courts d’une conver­sa­tion, c’est bien le thème de la nature. Pourquoi ? Simple­ment que les premiers rayons du soleil réchauffent dura­ble­ment depuis une semaine notre région. Alors si l’aven­ture vous tente, venez décou­vrir les œuvres de Philippe Bouve­ret qui utilise les éner­gies de la nature pour le compte de l’art contem­po­rain. Quant à Bob Bren­nen, vous rentrez dans une nouvelle ère futu­riste où se côtoie des mutants, des aliens ou des Erinyes. Tout un ensemble de créa­tions à visi­ter à la Gale­rie-maison Shimoni à Monti­gny-lès-Metz.

Pour Philippe Bouve­ret, la nature possède une force dont ses effets restent souvent incon­trô­lés. Ainsi, depuis le début de sa carrière d’ar­tiste, il s’in­té­resse à la gravité, aux phéno­mènes de capil­la­rité, à la pres­sion atmo­sphé­rique ou aux tempé­ra­tures. Il se situe lui-même entre l’in­gé­nieur et l’ar­tiste. « Petit, je voulais être inven­teur », affirme-t-il en racon­tant qu’a­do­les­cent, il brico­lait déjà son solex en y rajou­tant un second moteur à l’ar­rière. Puis candi­dat libre à l’École des Beaux-Arts de Paris, il devient l’élève de Paul Bury qui lui donne le goût de la sculp­ture. Enfin une rencontre avec John Wilkes, sculp­teur anglais, le subjugue par sa passion pour l’eau. Philippe Bouve­ret prend conscience de l’évi­dence comme matière des sources d’éner­gie natu­relles et aban­donne les dispo­si­tifs méca­niques ou élec­triques pour ses œuvres.

Aussi, dans le jardin de la Gale­rie Shimoni, vous pour­rez décou­vrir les phéno­mènes natu­rels au service de l’art. A condi­tion que le beau temps soit au rendez-vous. Ainsi, la tête d’Her­cule sort de son socle grâce à une bulle d’air englou­tie dans l’eau versée dans l’ar­ma­ture métal­lique et qui se gonfle sous l’ef­fet de la chaleur du soleil. Procédé plus ou moins iden­tique pour le bassin où un globe surgit des flots. « C’est la force de la nature qui fait progres­ser mes œuvres. On ne la contrôle pas », signale l’ar­tiste. « Plus cela fonc­tionne long­temps, mieux c’est. J’ai­me­rais que le mouve­ment soit perpé­tuel, mais cela reste impos­sible. Un rêve que je cherche pour­tant à atteindre », précise Philippe Bouve­ret avec regret.

Quant au second artiste, Bob Bren­nen, origi­naire des États-Unis, vous allez vous immer­ger dans son univers où l’as­pect futu­riste et tech­no­lo­gique imprègne ses œuvres. Des bustes mutants qui repré­sentent des êtres mi-homme, mi-animal ou mi-machine, voire des aliens, entre­mê­lés de bois, d’acier, de fer et de cuivre, obser­vant les curieux venus les dévi­sa­ger. Fasciné par les maté­riaux indus­triels, il possède un atelier perma­nent à l’usine de fabri­ca­tion de moteurs d’avions mili­taires ou civils de la Snecma d’Évry-Corbeil. Ainsi, il méta­mor­phose sur place de simples pièces métal­liques de moteurs pour en faire des créa­tions artis­tiques.

Le point commun entre les deux artistes : la Snecma. Philippe Bouve­ret y a passé son bac tech­nique puis y a exposé quelques années plus tard, en 1995 et en 2001. Bob Bren­nen, mis à part son atelier, y a réalisé pour la société une sculp­ture tita­nesque de 13,5 m de haut. Cela lui a demandé deux ans de travail mais il a égale­ment présenté ses créa­tions en 1990 et en 1991–1992. Avec de telles réfé­rences, il était normal de les regrou­per pour une expo­si­tion unique qui a débuté le 3 mars dernier et qui se termi­nera le 25 avril prochain.


Article publié le 9 avril 2009 dans le bimé­dia lorrain La Plume Cultu­relle.

Photo : ©LPC|JML – Philippe Bouve­ret et sa tête d’Her­cule qui surgit de l’eau sous l’ef­fet de la chaleur.