
Le monde des objets vivants selon Hiraki Sawa
Découvrez l’univers fantastique d’Hiraki Sawa où des objets miniatures s’animent dans son appartement londonien. Une performance artistique vidéo à observer du 15 novembre au 21 février 2009 au Centre d’art contemporain « Faux Mouvement » de Metz.
Initialement prévue en septembre 2008 dans le cadre de la Nuit Blanche, l’exposition vidéo d’Hiraki Sawa avait été repoussée de quelques semaines par Maryse Jeanguyot, la directrice de Faux Mouvement. Préoccupée par les difficultés financières de sa structure, elle devait tirer la sonnette d’alarme pendant la manifestation nocturne du 3 octobre dernier. Quoi qu’il en soit, le vernissage a bien eu lieu le 14 novembre dernier en présence d’Hiraki Sawa en personne et d’un public impressionné par la production étonnante et originale de l’artiste.
Le monde imaginé par Hiraki Sawa mélange subtilement deux univers : le monde du dehors et celui de l’intérieur dans lequel les objets inanimés perdent toute pesanteur et semblent prendre vie pour accaparer tout l’espace vital de l’appartement de l’artiste. La projection de films montrant les va-et-vient incessants d’avions miniatures de type jumbo-jet qui naviguent entre la cuisine, le couloir ou la salle de bain, confère un réalisme saisissant aux maquettes. Alors rien d’étonnant si l’on observe sur une autre séquence un tarmac d’aéroport couvert de moyens et longs courriers dans la chambre à coucher. Ou des figurines humaines et animales qui se baladent sur le rebord de la fenêtre, sur les radiateurs ou sur la cuisinière. Que dire du réveille-matin muni de jambes qui déambule sur le bord du lit ? Que dans ces conditions, impossible d’éteindre l’alarme sans lui courir après !
« J’ai voulu intégrer dans un environnement personnel, des objets ‘‘du-dehors’’, comme les avions, mais dotés d’une taille réduite, et qui décolleraient de chez moi dans un décor constitué de mon appartement, et des objets ‘‘du-dedans’’ de la vie courante. La baignoire ou la machine à laver, par exemple », explique Hiraki Sawa, artiste japonais né à Ishikawa. « Je voulais qu’on les regarde sous un angle et une dimension différents de ce qu’on a l’habitude de voir, et en même temps je souhaitais donner une vie propre à ces objets », souligne-t-il.
Si la technologie des trucages utilisée dans la vidéo pour le cinéma ou la télévision devient époustouflante, et accessible au grand public grâce à l’informatique, ce jeune « artisan de l’image » de 31 ans a privilégié une illusion simple et bricolée avec des idées, au lieu d’intégrer à tout va des effets spéciaux impressionnants. Aussi, à travers les locaux de Faux Mouvement, le public parcourt-il un itinéraire de son choix jalonné de petits écrans plats et de vidéos projetées sur les murs. C’est ainsi que le visiteur se rend compte de l’évolution artistique d’Hiraki Sawa depuis cinq ans. Aujourd’hui, il utilise plus volontiers qu’à ses débuts un système de synchronisation plus complexe qui régit certains effets de ses œuvres par ordinateur.
Hiraki Sawa qui habite toujours à Londres, depuis le début de son cursus universitaire en 1997, n’a été remarqué en France qu’en 2003 à la Biennale de Lyon « C’est arrivé demain ». Pourtant depuis la fin de ses études, sa notoriété d’artiste ne cesse de croître aux quatre coins du monde : Etats-Unis, Espagne, Japon ou Australie. Un parcours sans faute pour ce jeune artiste qui n’a pas fini d’étonner et qui réussit avec brio sa campagne de séduction des Français.
Article publié le 18 novembre 2008 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : © LPC|JML – L’artiste Hiraki Sawa à Faux Mouvement à l’occasion du vernissage de son exposition.