La Plume Culturelle

Le festi­val « Nomade In Metz » installe son village tsigane au cœur de la ville

La tolé­rance, le rappro­che­ment des cultures et la curio­sité artis­tique prennent un sens réel grâce notam­ment au festi­val citoyen « Nomade In Metz », qui aura lieu du 9 au 11 septembre prochain sur la place de la Répu­blique à Metz. La mani­fes­ta­tion a pour voca­tion d’ame­ner le public à la décou­verte d’ar­tistes issus des « gens du voyage ». Pour cette deuxième édition, le parrain n’est autre que le comé­dien Yvan Le Bolloc’h.

Pour la deuxième année consé­cu­tive, la ville de Metz accueille sur la place de la Répu­blique et dans les jardins de l’Es­pla­nade le festi­val engagé et citoyen « Nomade In Metz ». Pendant trois jours, du 9 au 11 septembre 2011, un village tsigane, consti­tué de roulottes, va y être installé autour d’une program­ma­tion cultu­relle et festive. En plus d’y décou­vrir toutes les formes d’ex­pres­sion du spec­tacle de rue, des perfor­mances vocales ou d’art contem­po­rain, chaque soir, le public pourra profi­ter des repré­sen­ta­tions d’ar­tistes d’en­ver­gure inter­na­tio­nale ou natio­nale issus des « gens du voyage », Tsiganes, Gitans, Manouches ou Roms. Si au niveau régio­nal, José Rein­hardt n’est pas un inconnu pour le public lorrain (sur scène le dimanche soir), la mani­fes­ta­tion accueille égale­ment des hôtes de marque : Yvan Le Bolloc’h, qui est d’ailleurs le parrain de l’édi­tion 2011 avec son groupe « Ma guitare s’ap­pelle reviens », donnera le ton dès le vendredi à 22 h 20. Mais d’autres groupes comme « Dhoad », « URS Karpatz » ou « Bratsch » parta­ge­ront avec les festi­va­liers un moment d’éva­sion musi­cale. Sans oublier les expo­si­tions photos, la gastro­no­mie, les ateliers et d’autres acti­vi­tés que les asso­cia­tions propo­se­ront durant la jour­née.

Des béné­voles et des convic­tions…
Si le festi­val « 
Nomade In Metz » a pour objec­tif la décou­verte du mode de vie des commu­nau­tés des « gens du voyages » et de leurs arts, l’évè­ne­ment a surtout pour voca­tion de sensi­bi­li­ser le grand public contre les préju­gés et les craintes que génèrent la mécon­nais­sance des diffé­rentes mino­ri­tés ethniques. « Les gens connaissent trop peu les Tsiganes et leurs cultures ; ils font peur », indique Daniela Ivanova, fonda­trice du festi­val. L’in­té­res­sée sait de quoi elle parle. Fuyant la Bulga­rie commu­niste à la fin des années 90 et réfu­giée en France, elle a vu la violence achar­née des adultes envers les enfants tsiganes dans son pays d’ori­gine. Mais égale­ment le sort réservé par les régimes tota­li­taires de l’époque envers ces peuples. « Pourquoi tant de haine et de violence ? », s’in­ter­roge-t-elle encore. Si la démo­cra­tie a pris le pas dans les pays de l’Est, depuis vingt ans, la mise sur la touche de ces popu­la­tions n’a guère changé, une réalité égale­ment de mise dans l’hexa­gone. Aussi, depuis 2010, et après quatre ans de réflexion et de travail sur le terrain, la mani­fes­ta­tion a vu le jour grâce aux efforts de 180 béné­voles. « L’an­née dernière, des gens venaient nous aider de Bretagne, de Corse ou même de Belgique. Cette année, nous en aurons qui vien­dront d’Is­raël ou d’Al­gé­rie », précise enchan­tée Daniela Ivanova.

Le finan­ce­ment, le nerf de la guerre !
Si durant trois jours, la place de la Répu­blique sera un lieu festif et les projec­teurs braqués sur le festi­val « Nomade In Metz », les rela­tions entre l’as­so­cia­tion orga­ni­sa­trice et la muni­ci­pa­lité messine semblent quelque peu tendues et cela, depuis le début de l’an­née. La pomme de discorde ? Le finan­ce­ment de la mani­fes­ta­tion. Pour l’édi­tion de 2011, les orga­ni­sa­teurs ont reçu une enve­loppe globale de 70 000 euros (45 000 euros de Metz dont 15 000 gérés par le service de la commu­ni­ca­tion de la ville, 15 000 euros du Conseil Régio­nal et 10 000 euros prove­nant de mécé­nats privés). Bien insuf­fi­sant pour que la mani­fes­ta­tion se déve­loppe et se péren­nise pour les années à venir selon Daniela Ivanova, une prési­dente qui ne cache plus son inquié­tude : « Sans mécé­nat, nous serions en plus grande diffi­culté finan­cière. Mais la mairie ne veut rien savoir. Alors quand j’en­tends dire que le festi­val doit tout à la ville de Metz… j’ex­plose ! ». Elle ne déco­lère pas et précise ses propos : « Ce n’est pas seule­ment grâce à elle que la créa­tion de « Nomade In Metz » a pu voir le jour, mais c’est surtout avec le travail de tous les béné­voles et la parti­ci­pa­tion des artistes venus nous soute­nir ».

« La troi­sième édition ne se fera pas à Metz,
il y a trop de diffi­cul­tés pour exis­ter ici… »

« Le carrosse » de Xavier Veil­han dans la tour­mente ?
À une semaine de l’ou­ver­ture du festi­val, les orga­ni­sa­teurs ont eu une bien mauvaise surprise. Le service cultu­rel de la ville de Metz remet en cause la dispo­si­tion de la scène et des espaces réser­vés aux artistes qui cache­raient l’œuvre « Le carrosse » de Xavier Veil­han implan­tée sur la place de la Répu­blique. « Le service tech­nique et celui de la régle­men­ta­tion nous ont donné le feu vert et à quelques jours du festi­val, Antoine Fonté nous signale que cela ne va pas, il faut réamé­na­ger ! Pour­tant le dossier est sur sa table depuis quelques mois ! », indique Daniela Ivanova désa­bu­sée et irri­tée par la situa­tion. « Pour prépa­rer une implan­ta­tion de scène, il y a des règles de sécu­rité et des procé­dures à respec­ter. On ne cham­boule pas le travail de profes­sion­nels comme ça. Et puis les Messins vont pouvoir survivre si l’œuvre n’est pas visible durant trois jours ». Elle ajoute encore : « Alors, pour ne pas rendre un artiste mécon­tent, on est prêt à en ennuyer 600 autres ? » Contac­tés ce matin, ni Antoine Fonté, ni Domi­nique Legin du service cultu­rel de la Ville de Metz n’ont souhaité réagir sur le sujet.

Et en 2012 ?
Si Daniela Ivanova et tous les béné­voles demeurent affai­rés par les derniers prépa­ra­tifs du festi­val qui débu­tera dès ce vendredi à 17 h, celle-ci ne cache plus son exas­pé­ra­tion. Fati­guée de toutes ces polé­miques, elle déclare à demi-mot : « La troi­sième édition ne se fera pas à Metz, il y a trop de diffi­cul­tés pour exis­ter ici et il n’y a pas de réel dialogue avec la muni­ci­pa­lité. Ce n’est plus possible ». Et conclut : « Nous irons voir ailleurs… comme des nomades ! » Le festi­val s’ap­pe­lant « Nomade In… », il ne manquera plus aux orga­ni­sa­teurs qu’à indiquer la prochaine desti­na­tion. Il leur reste encore un an pour la trou­ver !


Article publié le 5 septembre 2011 dans le bimé­dia lorrain La Plume Cultu­relle.

Photo :  ©LPC|JeanVier – Présen­ta­tion à la presse de la program­ma­tion du festi­val « Nomade In Metz ». De gauche à droite : Caro­line Diouf (SOS Racisme 57), Dino Schmitt (Nomade In Metz), Natha­lie Gries­beck (Dépu­tée euro­péenne) et Daniela Ivanova.


 

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