La Plume Culturelle

De coton, d’ébène et de sang, un polar engagé et passionné

Dans un fait divers tragique survenu aux États-Unis, Muriel Brino, auteure mosel­lane, puise son inspi­ra­tion pour écrire son premier roman De coton, d’ébène et de sang. Une histoire d’amour inter­dit entre un homme noir et une femme blanche, qui se trans­forme en thril­ler et ne laisse pas le lecteur indif­fé­rent. Pire, il est happé par le scéna­rio et ne peut s’en échap­per avant la toute dernière page de l’ou­vrage.

Un fait divers parmi tant d’autres, mais qui a marqué l’au­teure. Un évène­ment tragique qui se déroule aux États-Unis sur fond de racisme et d’injus­tice. Un homme endure les pires bruta­li­tés avant de mourir dans des condi­tions atroces et inhu­maines parce que sa peau est noire. Le récit de cet homme ne va plus quit­ter l’es­prit de Muriel Brino et devien­dra le point de départ de son premier roman De coton, d’ébène et de sang. « Je voulais que l’his­toire se fonde sur le thème de l’amour entre un homme de couleur et une femme blanche dans le contexte du racisme et de la haine de la diffé­rence. Et petit à petit, le récit devient thril­ler » explique-t-elle. Cela commence comme une histoire banale. Sydney, un maré­chal-ferrant noir, tombe amou­reux de Mary, une belle et sédui­sante femme blanche mariée à un banquier tyran­nique, redouté et tout-puis­sant. Celui-ci commande égale­ment, dans une petite ville du Missouri, une orga­ni­sa­tion prônant la discri­mi­na­tion raciale au nom de laquelle il torture, brûle, assas­sine ses victimes en toute impu­nité.

Un tableau de mœurs d’une société dans laquelle les restes nauséa­bonds de l’es­cla­vage n’en finissent pas de mettre les commu­nau­tés à feu et à sang. De coton, d’ébène et de sang est une histoire qui fait peur. Pas comme une vague histoire à suspense, mais de manière intense, c’est-à-dire qu’elle nous pousse jusque dans nos retran­che­ments les plus secrets. L’au­teur a conçu un scéna­rio apte à nous terri­fier par sa vrai­sem­blance et sa force de sugges­tion. Un univers de cauche­mar dont on se demande bien dans quel état adultes et enfants en sorti­ront quand il s’étein­dra. Le lecteur plonge dans cette Amérique eupho­rique et para­doxale des années 60, dans cette société en proie à ses frayeurs, ses silences complices et ses vieux démons.

« Depuis toute petite, je voulais écrire une histoire et j’ai tenté d’écrire un roman il y a quinze ou vingt ans, mais cela n’avait rien donné. A l’époque, je n’avais pas eu d’ins­pi­ra­tion… » raconte la jeune roman­cière de 38 ans, origi­naire de Metz. Après la compo­si­tion de chan­sons pour un album, Muriel Brino se décide, à la faveur d’une période de chômage, à endos­ser les habits de l’écri­vain. L’ins­pi­ra­tion qu’elle puise dans ce simple fait divers procure à son imagi­na­tion tous les ingré­dients néces­saires pour construire son récit, et un an et demi durant, elle va s’at­te­ler à la tâche : « je pouvais écrire des après-midi entières et puis plus rien pendant quinze jours » indique-t-elle. L’écri­vaine en deve­nir s’au­toé­dite et parti­cipe à plusieurs salons litté­raires en Lorraine pour recueillir les premières réac­tions des lecteurs, et quelques librai­ries de la région diffusent son ouvrage. Puis commence le parcours du combat­tant que connaît tout auteur auprès de nombreuses maisons d’édi­tion : « Au cours de cette période, j’ai éprouvé de nombreux doutes et beau­coup d’ap­pré­hen­sion, car d’un côté les critiques sur l’ou­vrage autoé­dité que les lecteurs m’en­voyaient étaient globa­le­ment favo­rables, et de l’autre, je rece­vais de la part des éditeurs des lettres-type de refus », explique Muriel Brino. Après six mois d’at­tente, elle signe enfin son premier contrat auprès d’un éditeur.

A peine le premier roman exposé dans les devan­tures des librai­ries, la jeune auteure a des projets d’écri­ture pour un second ouvrage, qui s’ins­pire d’une histoire vraie dont l’in­gré­dient prin­ci­pal est… le suspense.


Article publié le 5 avril 2008 dans le bimé­dia lorrain La Plume Cultu­relle.

Photo : © LPC|MB (montage de la rédac­tion) – Muriel Brino.


 

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