« Art + Metz », un concept orignal dans l’art ?
A quelques mois de l’ouverture du Centre Pompidou à Metz, de nouvelles galeries d’art ouvrent leurs portes dans la capitale mosellane et tentent de profiter de la dynamique culturelle qui s’installe dans la ville. Parmi elle, « Art + » qui propose un concept assez singulier pour présenter au public les œuvres des artistes.
Trente-cinq ans dans la communication, cela vous laisse une empreinte indélébile dans la façon de présenter ou de valoriser les projets qui vous tiennent à cœur. Ce n’est pas Roland de Lattre, ancien diplômé de l’école des Beaux-arts de Metz, qui le contredira, surtout lorsqu’il parle de sa galerie d’art et d’artisanat. Ouverte en octobre dernier, l’intéressé avoue avoir réfléchi sur le concept « d’Art + » depuis une dizaine d’années. Mais il aura fallu un licenciement, à cinquante-cinq ans, d’un grand groupe hôtelier luxembourgeois en 2008 pour qu’il réalise son dessein. Il faut dire que l’entrepreneur ne s’engage pas dans une histoire hasardeuse. L’art, c’est à la fois une question de passion mais également une histoire de famille.
L’amour de l’art et de la culture lui a été transmis par sa grand-mère maternelle qui possédait son propre atelier chez elle. Elle y peignait et sculptait ses œuvres, mais partageait également sa passion avec celles et ceux qui étaient réceptifs à ces disciplines. A six ans, le petit Roland voulait devenir dessinateur de dessins animés et peu à peu, la créativité le démange jusqu’à ne plus le quitter. Après un cursus dans les Beaux-arts, il s’oriente naturellement dans la communication et plus précisément dans le domaine artistique et du marketing. Mais pour concilier sa passion et son travail, il attendra 2009 pour se jeter à l’eau.
L’art selon Roland de Lattre
Installée au cœur du Quartier impérial de Metz, à deux pas du site du Centre Pompidou et de la gare, la galerie expose à la fois des artistes mais également des artisans. Pour Roland de Lattre, la beauté et l’originalité d’une œuvre ne se matérialisent pas seulement par le biais d’une sculpture, d’une toile ou d’une photographie. D’autres matières peuvent aboutir à des créations. L’idée peut devenir l’essence même d’une conception unique comme l’ébénisterie, le textile la verrerie, entre autres. Il n’y a qu’à contempler ou s’asseoir sur le fauteuil en carton « Le Club Littéraire » de Stéphanie Turmel-Josek, recouvert des pages d’un ouvrage philosophique, « Le monde de Sophie », pour s’en donner une idée. Ou déguster des yeux la pomme géante en céramique de Charles Eissautier pour découvrir d’autres horizons artistiques.
« J’aime rencontrer les artistes dans leur atelier, cela me permet de connaître leur vie, leur histoire et leur travail », explique Roland de Lattre qui souhaite ardemment l’ouverture de l’art à tous et promouvoir l’artisanal local. Sans vouloir décrier ses petits copains galeristes, ce dernier précise d’emblée qu’il n’est pas là « pour gonfler la cote de l’artiste. » Puis d’un air songeur, il étaye sa pensée : « Les artistes que je montre sont talentueux, mais pour certains, ils crèvent également de faim. L’art est un métier difficile, il faut les soutenir mais sans les étrangler financièrement. »
Une ambiance, un lieu, une proximité…
Si à Metz les galeries d’art prolifèrent, cela démontre bien que la tendance actuelle est à la culture à quelques mois de l’ouverture du Centre Pompidou-Metz, le 9 mai prochain. Une dynamique commence à se ressentir à travers la capitale mosellane mais pas seulement, un profit qui devient perceptible dans le département mais aussi dans toute la Lorraine. Alors comment se différencier et apporter une identité singulière ? Roland de Lattre a sa réponse. « Nous savons que c’est la femme qui décide pour la décoration et que c’est elle qui achète. Donc il faut lui donner envie d’entrer dans la galerie », indique-t-il. Alors l’ancien communicant a appliqué les codes féminins utilisés dans le marketing pour apporter la griffe d’une boutique très cocooning. Spacieux, aux murs de couleurs chaudes, le lieu donne envie de s’installer et de papoter dans un environnement où cohabitent les œuvres aux différents styles d’expression de 36 artistes.
Les pièces retenues, Roland de Lattre les sélectionne par rapport à ses coups de cœur. « Je choisis ceux que je voudrais posséder chez moi », souligne l’amateur d’art. « D’ailleurs, lorsque je travaille dans la galerie, j’ai l’impression d’être dans mon propre salon », signale-t-il encore avec un visage rieur. Chez « Art + », pas de favoritisme. Pas de vernissage pour valoriser un artiste au détriment des autres. Tous sur le même pied d’égalité. Un concept qui pourrait bien porter ses fruits et faire des émules dans un avenir proche, mais pour l’instant, seul le public validera ou non la généralisation de l’idée.
Article publié le 17 novembre 2009 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|JML – Roland de Lattre devant la devanture de sa galerie « Art + » à Metz.