La Plume Culturelle

Le corps humain sous toutes ses coutures

Jeune artiste peintre de 26 ans, Muns propose un univers dans lequel il peint son propre corps déshu­ma­nisé. Mis en scène, le person­nage évolue à travers un envi­ron­ne­ment austère et froid. Une façon d’of­frir aux visi­teurs la vision de sa propre exis­tence tout en leur renvoyant la leur. Il expo­sera du 5 au 18 juin prochain à la Maison Rabe­lais (Metz).

Pour chaque toile, le même scéna­rio : un homme dévêtu, imberbe et seul dans un envi­ron­ne­ment sombre et austère. Le person­nage, auto­por­trait de l’ar­tiste, s’aban­donne dans des posi­tions basiques. Nous le retrou­vons aussi bien couché sur le carre­lage, courant sur une bande rouge, assis sur un cube ou sur une chaise, qu’à médi­ter à genoux ou recroque­villé, l’air pensif voir perdu. L’uni­vers de Matthieu Nullans, alias Muns, se heurte bruta­le­ment à celui de notre société. Sa mise en scène exces­sive du corps reflète la souf­france et les tour­ments de l’âme, et maté­ria­lise par le ton ou les atti­tudes les aspects de la nature humaine.

Dès son plus jeune âge, Muns invente son propre monde par le biais des dessins. Son bac litté­raire – spécia­lité arts plas­tiques – en poche, il se dirige natu­rel­le­ment vers l’école des Beaux-Arts de Metz. L’aven­ture ne durera qu’un an. Trop théo­rique à son goût. Il termine son cursus univer­si­taire à la faculté d’Arts Plas­tiques de la capi­tale mosel­lane où il retrouve la voie vers la pein­ture. « Au début, je peignais parce que j’ai­mais cela et aussi pour me perfec­tion­ner », explique Muns, pour qui cela appa­raît comme une évidence. « A cette époque, je n’avais pas une idée précise de ce que je voulais faire plus tard », avoue le jeune artiste de 26 ans.

Ses débuts dans l’art…
Il exécute des portraits en s’ins­pi­rant de photos de presse ou de la silhouette de ses amis. Puis il se jette à l’eau : Muns esquisse son visage. Pour le coup, il dispose d’un modèle perma­nent. « Au bout d’un moment, avec les auto­por­traits, je ne suis plus parvenu à trans­mettre mes idées ou mes angoisses », raconte-t-il en posant à terre un tableau qui le repré­sente. Et tout en dési­gnant une toile accro­chée au mur, où l’on distingue un homme recroque­villé, il précise : « Le corps, contrai­re­ment au faciès, exprime au travers de postures diffé­rentes, un certain nombre d’images  symbo­liques qui font passer des senti­ments. Et puis j’ai commencé à tour­ner en rond dans mon travail, cela voulait dire que je devais envi­sa­ger autre chose », renché­rit Muns.

Muni d’un retar­da­teur, Muns se prend en photo. Seul dans une pièce et dans la posture qu’il souhaite immor­ta­li­ser. Son image devient un person­nage peint qu’il déshu­ma­nise tota­le­ment. Toutes les carac­té­ris­tiques qui pour­raient servir à iden­ti­fier un indi­vidu ont été suppri­mées. Sans cheveux, ni barbe. Ni corpu­lent, ni amai­gri. Ni trop grand ni trop petit. Stan­dard. Le lieu demeure sombre et neutre, l’homme dévoile sa nudité. Dans son plus simple appa­reil, il ne laisse aucune place aux arti­fices. Pas d’in­ti­mité ou de pudeur. Il ne doit rester qu’un simple reflet auquel nous nous iden­ti­fions et que nous nous appro­prions à travers ce corps dessiné. Car la subti­lité artis­tique de Muns réside dans le partage de ses aspi­ra­tions ou de ses ques­tion­ne­ments, qui ne diffèrent pas des nôtres.

L’évo­lu­tion de son travail
Aujourd’­hui, Muns améliore son style en s’ins­pi­rant du prin­cipe des bandes dessi­nées améri­caines, les comics. Ainsi, ses toiles se divisent en trois plans où son person­nage évolue dans un envi­ron­ne­ment moins spar­tiate. Une dyna­mique qui permet à l’ar­tiste d’ajou­ter main­te­nant un scéna­rio et de jouer  de la lumière avec  finesse pour donner du volume au sujet. Si vous souhai­tez décou­vrir le travail de Muns à Metz, vous pour­rez vous rendre à la Maison Rabe­lais (Entre  la rue Jurue et la rue d’En­fer, ouvert du lundi au samedi de 10h00 à 21h00) à partir du 5 juin 2009 et durant quinze jours.


Article publié le 2 juin 2009 dans le bimé­dia lorrain La Plume Cultu­relle.

Photo : ©LPC|JML – Un des nombreux lustres géants illu­mi­nés au Jardin Bota­nique de Metz tels que vous les verrez dès samedi soir à 22h00.


 

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